Dernière mise à jour octobre 2021. Cet itinéraire a été entièrement vérifié sur le terrain en août 2020.
Cet itinéraire relie Dinan à Trémeur en 28 km.
À voir en chemin : ancienne abbaye de Léhon, château de Léhon, chapelle de Lannouée (commune d'Yvignac), ancien prieuré Saint-Georges et chemin de Trédias à Trémeur.
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Pour aller de Dol à Vannes à l'époque romaine, on suivait la voie romaine d'Avranches à Corseul puis celle de Corseul à Vannes. La voie venant d'Avranches passait à 2,5 km au sud de Dol, puis par Baguer-Morvan et le Vieux Bourg de Miniac-Morvan. Elle franchissait la Rance à Taden et rejoignait Corseul par le nord de Quévert. Après Corseul, la voie de Vannes passait par Jugon et par l'est de la Forêt de Boquen. Après avoir suivi une direction sud-ouest jusqu'au carrefour de la Hutte à l'Anguille à 7 km au sud-ouest de la Forêt de Boquen, la voie prenait une direction sud et rejoignait Vannes en passant par Laurenan, puis à 1 km à l'ouest de la Trinité-Porhoët, à 7 km à l'ouest de Josselin et par Saint-Jean-Brévelay.
Le franchissement de la Rance à l'Asile aux Pêcheurs à Taden a vraisemblablement été abandonné dès la fin de l'époque romaine, sans doute en raison de l'élévation du niveau de la mer. De nouveaux passages ont été créés, par bac à Port Saint-Jean et par gué par Dinan. Il est probable qu'une jonction entre Dinan et la voie romaine de Corseul à Vannes a également été créée dès le Haut Moyen Âge.
Dans son Histoire de Bretagne publiée en 1707, Dom Lobineau écrit que le chemin des Sept Saints de Bretagne passe par Trédias à 20 km au sud-ouest de Dinan :
En parlant du voïage des Sept Saints, autrefois fameux en Bretagne, & si usité, qu il y avoit mesme un chemin pavé destiné tout exprès, appelé pour cela le chemin des Sept Saints, dont j'ai veu des vestiges aux environs de Dinan; j'ai pu hesiter sur ces Saints, & n'ai osé assurer positivement si c’estoient les premiers Evesques des anciens Sièges Bretons, en y joignant celui de Vannes; mais depuis peu un homme qui joint beaucoup de litterature à une vie tres mortifée & tres-édifiante, a écrit, sur quelques éclaircissemens que j'avois demandez en Bretagne, une lettre qui m'a esté communiquée, dans laquelle, outre l'explication de beaucoup de mots Bretons qui sont dans le Glossaire que j'ai mis à la fin du second volume, j'ai trouvé que je pouvois prononcer avec assurance que les Sept Saints n'estoient autres que ceux-là; & qu'on voit encore, dans l'Eglise de Quimper, au côté méridional de la porte du Choeur, un ancien Autel dédié aux Sept Saints, où ces Sept Evesques sont dépeints avec leurs attributs tirez de leurs principaux miracles, & leurs noms au bas, qui sont: saint Paul, saint Corentin, saint Tugdual, saint Patern, saint Samson, saint Brieuc et saint Malo. [1, Preface, p. 23 du PDF].
Ce fut à peu prés dans le mesme-tems que le Duc fut malade de la rougeolle à Rennes, & ce fut sans doute pour obtenir de Dieu la guerison de cette maladie qu'il fit veu de faire le voïage des Sept Saints de Bretagne, dont il s'acquita en la compagnie du sire de Porhoet. Ce voïage estoit une devotion si en usage autrefois, qu'il y avoit un chemin tout au travers de la Bretagne, fait expres, que l’on appelloit pour ce sujet le chemin des Sept Saints, dont on voit encore des restes au Prieuré de Saint George prés de Dinan. Ces Sept Saints estoient apparemment S. Paul de Leon, saint Tugdual, saint Samson, saint Malo, Saint Meen, saint Judicaël, & saint Corentin, ou bien c'estoient les freres & les neveux de saint Judicaël [1, p. 538, p. 629 du PDF].
On dispose effectivement d'actes qui mentionnent un chemin à Trédias, notamment l'acte de fondation de l'hôpital de Saint-Georges par Charles de Blois en 1346. Ils ont été publiés par le marquis de l'Estourbeillon [2] :
Nous, Charles, duc de Bretagne, vicomte de Limoges, sire de Guiche et du Maine et nous, Julienne (Jehanne), duchesse de Bretagne, o l'authorité de nous, le Duc, et ladite duchesse nostre très chier compagne, donnée quant A toutes les choses qui ensuyvent, faisons savoir à tous : Que comme nostre très cher et ami baschelier, Monsour Geffroy Le Veier et dame Jeanne (Rouxel), sa femme, ayant commencé et fondé, et ayant entente et volonté de parfaire et achever en l'honneur de Dieu, nostre Créateur et de nostre Dame, la beniste et glorieuse vierge, nostre Dame et de la vraie sainte Croix et de Monsieur saint Jacques et toute la sainte compaignie de Paradis, un hospital au bout de la chaussée de Trédias en la paroisse de Tremeur, sur le Chemin des Sept Saints de Biconguy en la diocèse de Saint Malo [2, p. 307].
D'autres actes mentionnent le prieuré Saint-Georges :
Le 15 février 1582, le même seigneur, Messire Louis d'Espinay, agissant tant pour lui que pour Messire Charles d'Espinay, marquis de Vaucouleurs, seigneur d'Yvignac, son fils, fait au couvent de Trédias une nouvelle fondation dans laquelle on le voit donner aux religieux, un grand pré nommé les Couailles du moulin de Trédias, appartenant audit seigneur à cause de sa chatellenie d'Yvignac, d'une contenance de 3 vergées, joignant d'un côté le chemin du Roy qui conduit du bourg de Trémeur au couvent de Saint-Georges [2, p. 304].
15 novembre 1470. — Acte de ratification passé entre le prieur de Saint-Georges, d'une part, et Jean du Bouays, d'autre part, d'un contrat d'échange passé entre eux, le 6 octobre précédent, par lequel ledit du Bouays avait cédé audit prieur, savoir : une pièce de terre en la paroisse de Tremeur, près de l'hôpital de Saint-Georges, contenant environ 2/3 de journal, joignant d'un bout au chemin par lequel l'on va dudit hôpital au bourg de Tremeur, appelé le Chemin des Pèlerins, chargée de 11 deniers de rente dus à Messire Olivier Le Vayer, sgr. de Tregomar, dixme et obéissance, suivant coutume. Et pour récompense ledit prieur avait baillé audit du Bouays 6 sols 8 deniers de rente dus audit prieuré par Pierre Davy, de Jugon [3].
10 juin 1482. — Traité passé entre les religieux de Saint-Georges d'une part, et Noël Quinquenel, pour et au nom de Perrine Renouvel, sa femme, et consorts, d'autre part, par lequel il fut reconnu que dès le 1er décembre 1470, ont lieu un contrat d'échange entre lesdits religieux d'une part, par lequel, lesdits religieux avaient cédé à ladite Renouvel, savoir : 6 boisseaux 1/2 de froment de rente, mesure de Plumaudan, dus auxdits religieux par Noël Chouette, sur hypothèque valable, et en retour ladite Renouvel avait cédé auxdits religieux une pièce de terre en la paroisse de Tremeur, proche de l'hôpital de Saint-Georges, contenant environ 2/3 de journal, joignant d'un côté auxdits religieux, et d'un bout au chemin qui va dudit hôpital à Tremeur, nommé le Chemin des Pèlerins, tenue prochement de N. Le Compte et sa femme à cause d'elle, sieur et dame de Penguily, à charge de 7 deniers de rente [3].
Ainsi, on dispose de plusieurs textes mentionnant un chemin fréquenté par des pèlerins entre Trédias et Trémeur : chemin des Sept Saints de Biconguy et chaussée de Trédias en 1346, chemin des Pélerins en 1470 et 1482, puis Chemin du Roy en 1582.
D'après Dom Lobineau, ces pèlerins sont ceux des Sept-Saints de Bretagne. D'après les archives, ce sont ceux des Sept-Saints de Biconguy. En plus des sept saints fondateurs (Samson à Dol, Pattern à Vannes, ...), le pèlerinage des Sept-Saints de Bretagne intégrait-il d'autres groupes de sept saints tels que les sept saints de Biconguy ?
J. Janvier a publié la légende des sept saints de Biconguy [4] :
Dans le pays où se trouvent à présent les paroisses de Trémeur et de Trédias vint s'établir un saint Georges, qui eut sept enfants nés ensemble le même jour, lesquels restèrent tous dans le pays et se sanctifièrent. Ce sont saint Georges, saint Thias, sainte Urielle, saint Cado, saint Laurent, saint Firmin, saint Armel. Il y avait donc deux saints Georges, le père et l'un des fils, et je ne vois pas pourquoi l'on n'ajouterait pas le père aux sept enfants, ce qui ferait huit saints.
On trouve un peu partout en Bretagne des groupes de sept frères qui sont vénérés. Les sept frères sont souvent nés le même jour, ou bien tous habillés de la même façon, ou bien encore tous devenus évêques. C'est le cas à Trédias, Josselin-Pontivy, Erdeven, Landévennec, Daouals, Brest et Yffiniac [5]. Des pèlerinages pré-chrétiens pouvaient exister pour vénérer ces groupes locaux. Ils ont pu être christianisés et fondus dans un pèlerinage unique, celui des Sept-Saints de Bretagne.
Pour revenir à notre chemin passant par Trédias et Trémeur, les cadastres du XIXe siècle indiquent qu'il venait de Dinan en suivant une direction sud-ouest. On trouve la mention Vieux chemin de Broons à Dinan (cadastre de 1843 de Brusvily, section C4), ou bien Ancien chemin de Broons à Dinan (cadastre de 1836 d'Yvignac, sections A3 et B4). Sur la commune d'Yvignac, à 200 m de l'"Ancien chemin de Broons à Dinan", on trouve la chapelle du Haut Lannouée, une ancienne possession des Templiers [6]. À environ 200 m au nord de cet ancien chemin, un chemin parallèle est appelé Chemin des Petites croix (cadastre d'Yvignac de 1836, section A3) puis Chemin de Dinan à Trédias (cadastre d'Yvignac de 1836, section A1). Ainsi les cadastres du XIXe siècle confirment l'existence d'un ancien chemin reliant Dinan à Trédias. Au cours du Moyen-Âge, ce chemin a vraisemblablement été dévié pour rejoindre Broons. En arrivant à la limite d'Yvignac et de Trédias, cet ancien chemin vire à 90° vers le sud pour suivre la limite communale puis rejoindre Broons. Le chemin le plus ancien est vraisemblablement celui qui est appelé Chemin des Petites croix. Il se prolonge tout droit vers Trédias par l'Hôtellerie. Après Trédias, l'acte de 1482 mentionné ci-dessus indique une continuation vers Trémeur, c'est le "chemin qui va dudit hôpital à Tremeur, nommé le Chemin des Pèlerins".
Après Trémeur, en poursuivant dans la direction du chemin venant de Dinan, une route mène à Sévignac. Rien n'indique qu'elle est ancienne. Si on continue dans cette direction, on trouve le toponyme chaussée, en fait une chaussée d'étang (cadastre de Rouillac de 1836, parcelle A1-54). À côté, le toponyme Pont ès Pélerins est plus intéressant (cadastre de Plénée-Jugon de 1837, tableau d'assemblage). On est alors près du Grand Saint-Meleuc et la voie romaine Corseul-Vannes passe à moins d'un kilomètre à l'ouest. Le toponyme Pont ès Pélerins est un élément pour confirmer l'existence d'une jonction entre Dinan et le Grand Saint-Meleuc par où passe la voie romaine de Corseul à Vannes. Cette jonction devait exister au début Moyen-Âge et peut-être bien avant. Cette jonction a sans doute été abandonnée au cours du Moyen-Âge quand une nouvelle route a été créée pour relier Dinan à Vannes par Saint-Méen-le-Grand. Pendant tout le Moyen-Âge, les pèlerins ont pu continuer d'utiliser l'ancien chemin par Trédias et Trémeur. C'est ce que dit Dom Lobineau en 1707, à une époque où le pèlerinage des Sept-Saints de Bretagne tombait dans l'oubli.
Ainsi, un itinéraire du pèlerinage des Sept-Saints de Bretagne se dessine entre Dol et Vannes. De Dol on pouvait suivre presque jusqu'à Dinan l'ancienne voie romaine reliant Avranches à Corseul. Après Dinan une jonction devait permettre de rejoindre la voie romaine de Corseul à Vannes près de la Forêt de Boquen et du Grand Saint-Méleuc sur la commune de Plénée-Jugon. Ensuite il ne restait plus qu'à suivre la voie romaine venant de Corseul et menant à Vannes, du moins là où elle était encore praticable. Ça devait être possible jusqu'à la Trinité-Porhoët parce qu'on peut encore la suivre de nos jours. Plus au sud, dans la Forêt de Lanouée, c'est plus improbable parce que la voie a disparu. Son tracé au sud de la forêt n'a pu être déterminé avec certitude que vers 1996, soit sur des photos satellites, soit sur des photos aériennes [7, pp. 119-123 du PDF]. Même quand il n'y a plus aucune trace visible au sol, les fossés des voies romaines restent enfouis dans le sol. Ils continuent de capter l'humidité, ce qui modifie la végétation et rend la voie visible du ciel.
Plus au sud, la voie franchissait l'Oust à Pomeleuc et rejoignait Saint-Jean-Brévelay par Lantillac et Buléon. Au sud de la Trinité-Porhoët, la voie a sans doute été déviée par Josselin au cours du Moyen-Âge.
Pas à pas : Variante - De Dinan à Trémeur (fichier PDF, format A5)
Carte : Variante - De Dinan à Trémeur (image JPG)
Trace GPS : Variante - De Dinan à Trémeur (fichier GPX)
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