Dernière mise à jour octobre 2021. Cet itinéraire a été entièrement vérifié sur le terrain en août 2020.
Cet itinéraire relie l'Abbaye de Boquen à Laurenan en 25 km.
Balisage : jaune et rouge GRP Tour de Penthièvre Sud de l'Abbaye de Boquen au km 8, puis 4 km de route par Collinée et la Source de la Rance, voie antique rectiligne non goudronnée du km 13 au km 18 puis du km 21 au km 24.
À voir en chemin : Source de la Rance, voie romaine de Corseul à Vannes préservée sur 3 km avant Laurenan.
+ Cliquer ici pour afficher les notices
Les premiers moines sont arrivés à Boquen en 1137, à l'initiative d'Olivier II, Seigneur de Dinan, et de son épouse Agnorée de Penthièvre, « MCXXXVII, Institutum est monasterium Sanctae Mariae de Bochian sub Olivero principe de Dinan ». Douze moines sont arrivés de l'Abbaye de Bégard du Trégor. Cette dernière avait été fondée en 1130 par l'Abbaye de l'Aumône (près de Chartres), également appelée Petit-Citeaux et huitième fille directe de l'Abbaye de Citeaux fondée par Robert de Molesmes en 1098.
Implantée dans une région boisée et marécageuse, l'abbaye de Boquen réduit le travail de la terre au minimum et développe son « Scolasticum ». Elle devient une sorte d'université rurale. À la fin du XIIe siècle, l'église provisoire est remplacée par un édifice aux lignes harmonieuses. On y trouve des éléments de style roman et du style ogival naissant. Les directives de l'Ordre de Citeaux sont appliquées. Il ne doit y avoir aucune ornementation superlfue, pas de clocher en pierre. La beauté vient de la construction elle-même, dans l'harmonie parfaite de ses proportions. Les bâtiments conventuels, la salle capitulaire et les dépendances sont ajoutées peu après. L'abbaye connaît une certaine prospérité grâce à la générosité des donateurs.
Aux XIIe et XIIIe siècles, il y a une centaine de moines et autant de frères convers. La journée commence entre une heure et trois heures du matin selon les saisons. Les moines descendent directement du dortoir à l'église pour la célébration de l'Office Divin, les vigiles pour commencer, les laudes à l'aube, la prime une heure après le lever du soleil, et suivant les saisons, la tierce à la 3e heure, le sexte à la 6e heure, la none à la 9e heure, les vêpres le soir quand il fait encore jour, les complies vers 20 h avant d'aller se coucher. Chaque jour, il y a 5 heures de liturgie collective dans l'église, 5 heures de prière individuelle ou d'étude des sciences sacrées, et 5 heures de travail manuel. Dans le monastère, c'est une atmosphère de silence. De Pâques au 14 septembre, les moines prennent deux repas par jour, à 11h et à 17h. Le reste du temps, ils jeûnent et ne prennent qu'un repas par jour à 14h ou à 16h suivant les saisons. Les frères convers assurent en grande partie les travaux des champs et le soin des troupeaux. Ils jeûnent moins et ne sont pas obligés de suivre tout l'Office Divin. Ils dorment à l'étage d'un bâtiment qui leur est réservé. Dans l'église ils sont séparés des moines.
Au XVe siècle, l'abside romane du XIIe siècle a été remplacée par une abside gothique beaucoup plus longue. Au XVIe siècle, l'abbaye décline. Les abbés sont nommés par le roi. Ils ne sont pas tenus de prononcer des voeux de moine régulier, ni même de résider sur place. Des abbés commandataires de Boquen feront abattre les arbres de la forêt, dissuaderont les vocations pour avoir moins de bouches à nourrir et laisseront les bâtiments s'écrouler. Les bas-côtés de l'église seront démolis pour réduire les frais de réparation. Le cloître a été détruit avant la Révolution. Les guerres la Ligue ont aggravé le déclin. L'abbaye a été pillée. À la Révolution, il reste un prieur et 3 moines.
Le 16 octobre 1936, Dom Alexis arrive à Boquen. Mathurin Presse, originaire de Plouguenast à 20 km de Boquen, était entré à la Trappe de Tymadeuc à l'âge de 19 ans, en 1903. Devenu frère Alexis, il est ordonné prêtre en 1908. En 1910, il est envoyé à Rome pour suivre des études supérieures de théologie. Il obtient un doctorat en droit canon. Passionné d'histoire, il effectue également des recherches sur l'Ordre Cistercien et sur l'histoire de l'Observance de la Trappe. En 1920, il est nommé professeur à l'Abbaye de Bonnecombe dans l'Aveyron. En 1923, il est envoyé à l'Abbaye de Tamié en Savoie comme prieur. En 1925, il est élu Abbé. Il réfléchit à la fondation d'une nouvelle communauté qui reviendrait à la source de la vie cistercienne. Pour lui, une lecture intelligente de la règle de saint Benoît, c'était une lecture plutôt humaniste. Il ne s'agissait pas de brimer le corps mais de retrouver le rythme naturel de la vie humaine [1, document sonore de 2'18 à 3'07 et de 8'38 à 9'15]. En 1935, ses idées sont jugées inacceptables. Il est démis de sa charge d'Abbé de Tamié et exclu de l'ordre cistercien. Dom Alexis obtient la protection de l'évêque de Saint-Brieuc puis se lance dans le projet de restauration de Boquen. Dès 1934, il avait demandé à sa famille d'acheter les ruines de Boquen.
Dom Alexis arrive à Boquen en octobre 1936 avec pour seuls bagages un bâton et une musette contenant un bréviaire et un morceau de pain. Le premier mois, il travaille seul, arrachant les ronces et réparant ce qu'il peut. Chaque soir, il va dormir à 3 km au Gouray où il est hébergé par le curé-doyen. Un premier compagnon arrive en novembre et les deux moines s'installent définitivement à Boquen. 800 ans après la fondation de Boquen, les deux moines reprennent l'Office Divin. Les ailes nord et ouest sont réalisées entre 1937 et 1947. Le réfectoire est remonté à l'emplacement d'origine et sert de chapelle provisoire. Une bibliothèque, un scriptorium et une cuisine sont aménagés. La source de la forêt qui a alimenté l'abbaye en eau pendant des siècles est remise en service. En 1950, l'abbaye réintègre l'ordre cistercien et Dom Alexis récupère son titre d'abbé. Une lettre de félicitation du pape parvient aux moines. La restauration de l'église commence en 1953 avec l'aide d'Auguste Bourdais, excellent tailleur de pierre du Gouray. La même année, les reliques des moines bretons arrivent à Boquen. Lors des invasions normandes du Xe siècle, elle avaient été déposées à Paris dans l'église Saint-Barthélémy qui deviendra l'Abbaye Saint-Magloire. 900 ans plus tard, l'archevêque de Paris donne son accord pour que les reliques soient données à Boquen. Après 29 ans de dur labeur, l'église abbatiale est consacrée le 22 août 1965 en présence de Dom Alexis, allongé sur une civière près de l'autel, du Cardinal Feretto venu de Rome, de plusieurs évếques et abbés de Bretagne, et d'une foule de 10000 personnes. Au seuil de la mort, épuisé par la tâche, Dom Alexis voit le couronnement de son oeuvre. Il déclare quelques jours avant sa mort : « C'est là-haut que j'aimerais fêter la Toussaint ». Le dernier voeu de Dom Alexis est exaucé. Il meurt le 31 octobre 1965 à l'heure où les moines célèbrent les premières Vêpres de la Toussaint. Il est inhumé à Boquen dans la première chapelle du transept sud.
Au delà d'une simple restauration, Dom Alexis voulait inventer une nouvelle forme de vie monastique. Conscient qu'il n'y parviendrait pas , il s'est lié d'amitié avec Bernard Besret, Jean-Claude étant son prénom d'état civil. Il l'a envoyé faire des études avant de lui confier l'abbaye.
Arrivé à bicyclette à Boquen en 1953, Bernard Besret part faire des études à Rome de 1955 à 1960. Il est ordonné prêtre en 1959 et obtient un doctorat en théologie. Il est expert lors du concile de Vatican II. À l’automne 1964, Dom Alexis, gravement malade, le rappelle [2]. Bernard Besret est nommé prieur de Boquen en 1965. Il ouvre les portes de l'abbaye. Des milliers de personnes viennent à Boquen. L’abbaye est le théâtre d’événements qui attirent les journalistes du monde entier. À l'été 1968, il accueille à Boquen les étudiants parisiens de l'UNEF. On vient aussi à Boquen depuis les villes des alentours, notamment Rennes. Boquen n'est plus un monastère au sens strict mais un lieu monastique où se rencontrent des personnes de divers horizons. Bernard Besret a voulu imaginer une communauté monastique qui aurait autour d'elle des laïcs. Ce qui était le produit d'une évolution interne à Boquen a éclos dans le contexte troublé de l'après mai 1968. Bernard Besret devient malgré lui le moine rouge et l'abbaye doit faire face à une forte hostilité menée notamment par les donateurs qui avaient financé la reconstruction [1, document sonore de 24'32 à 25'31].
Le 20 août 1969, jour de la saint Bernard, devant un millier de personnes, Bernard Besret donne une conférence intitulée « Boquen, hier, aujourd'hui, demain » dans laquelle il expose ses conceptions théologiques . Il aborde les thèmes du sacerdoce, des structures ecclésiales, de la délimitation des paroisses et du célibat des prêtres. Il prône aussi une libération de tous les mythes qui encombrent la vie monastique, l’ascèse, la prière, le célibat [3]. Il va jusqu'à affirmer que dans ce monde changé, il fallait rendre leur liberté de choix aux religieux en leur donnant une année sabbatique pour qu'ils puissent réfléchir aux voeux qu'ils avaient prononcés, puis les confirmer ou les infirmer [4, p. 28]. En 1969, ce projet utopique et clivant ne pouvait faire l'objet d'aucun consensus. Bernard Besret est démis de ses fonctions et expulsé de Boquen en octobre 1969. Étrangement, on laisse à Bernard Besret le droit de choisir son successeur [1, document sonore de 34'25 à 35'09]. Le père Guy Luzsénszky (1909-1994) devient prieur en 1969 et reprend les idées de Bernard Besret. Dès 1970, malgré l'interdiction et à la demande du prieur Luzsénszky, Bernard Besret revient régulièrement à Boquen. L'expulsion de Bernard Besret a été médiatisée et renforce la contestation. Boquen devient un haut lieu de la contestation. Ce qui était une réforme monastique prend une coloration politique de plus en plus marquée. Bernard Besret est pris dans une tourmente qui le dépasse. Dans le même temps, l'opposition à Boquen devient féroce. En 1971, Bernard Besret apprend d'un tueur à gages qu'on cherche à l'éliminer physiquement [1, document sonore de 41'05 à 43'13]. En 1973, dépassé par un mouvement qu'il a initié, il commence à prendre ses distances et quitte définitivement Boquen en 1974.
De 1974 à 1976, l'abbaye de Boquen a été traversée par des courants contradictoires d'ordre politique, et aussi par des conflits personnels. Un clivage très fort s'est installé pour des dizaines d'années. Pour certains, Boquen est une espérance. Pour d'autres, c'est le mal absolu. En 1976, la communauté des résidents opte pour un combat hors de l'Église [2]. L'ordre cistercien réagit et l'abbaye est confiée aux Soeurs de Bethléem. La communauté des résidents est priée de s'en aller. Les portes se referment et l'abbaye redevient un lieu de silence.
En 2010, la communauté des Soeurs de Bethléem qui comptait 15 soeurs annonçait son départ. La Communauté du Chemin Neuf a pris le relais en 2011 dans un contexte apaisé. Pour le Chemin Neuf, c'est une première implantation en Bretagne. Né d'un groupe de prière à Lyon en 1973, le Chemin Neuf compte environ 1500 membres dans 25 pays. La communauté prône la vie en fraternité, dans un quartier ou sous un même toit, pour les couples, les familles, les célibataires consacrés hommes et femmes, les diacres et les prêtres.
L'esprit de Boquen est-il mort ? « En 1951, dressant le bilan de quinze années de vie à Boquen, Dom Alexis ne doutait pas qu'il fallait se diriger vers une nouvelle forme de vie monastique. « L'expérience de quinze années écrivait-il, montre que la pratique de la Règle intégrale n'est pas de notre temps : non qu'elle soit impossible en soi mais on n'a pas le cran voulu pour l'entreprendre étant donné la différence trop grande entre les habitudes de vie qu'elle suppose et celles de la vie réelle... Il y a deux alternatives à envisager : ou bien se résoudre à végéter avec une toute petite communauté, ou bien tenter une adaptation ». Dom Alexis espérait que ses successeurs sauraient trouver une forme de vie monastique adaptée à la société contemporaine. Il est mort avec la joie de savoir que Boquen vivait, mais aussi avec la souffrance de ne pas savoir ce que Boquen deviendrait » [4, p. 5].
L'Abbaye de Boquen a été relevée de la ruine et personne ne pourra enlever ce mérite à Dom Alexis. Quant à la nouvelle forme de vie monastique que Dom Alexis a cherché toute sa vie, nul ne l'a encore trouvée.
En juillet 2021, Bernard Besret, l'ancien prieur de Boquen maintenant agé de 85 ans, est venu à Plénée-Jugon donner une conférence et raconter la reconstruction de l’abbaye et son projet de transformation. 300 personnes ont suivi l'événement.
La Rance prend sa source à 258 m d'altitude dans les Monts du Mené à Collinée. Son parcours en arc de cercle d'un peu plus de 100 km la fait voyager vers l'est par le nord de Merdrignac et de Saint-Méen-le-Grand. À partir de Caulnes, elle commence à se diriger vers le nord pour rejoindre Dinan puis Saint-Malo.
La Hutte à l'Anguille est située à la jonction de Laurenan, Saint-Vran et des deux anciennes communes de Saint-Gilles-du-Mené et Saint-Jacut-du-Mené, maintenant fondues dans Collinée. C'était un carrefour antique important. Venant en ligne droite du Gué Georges au sud de la Forêt de Boquen, la voie romaine de Corseul à Vannes y passe. Vers le sud, à partir du carrefour, la voie de Vannes continue vers Laurenan au sud-ouest, puis Buléon et Saint-Jean-Brévelay.
Une autre voie antique venant du nord-ouest arrive à la Hutte à l'Anguille. Elle vient de l'agglomération antique secondaire de Saint-Brandan près de Quintin. Elle passe Plémy puis Bel-Air [5, 2.17 p. 36]. De Bel-Air à la Hutte à l'Anguille, elle suit un itinéraire remarquable en restant sur les hauteurs des Monts du Méné. Du Mont Bel-Air, le plus haut sommet des Monts du Méné culminant à 339 m d'altitude, elle suit une croupe longue de du 10 km pour arriver à la Hutte à l'Anguille à l'altitude de 303 m.
Une autre voie, vraisemblablement antique, part de la Hutte à l'Anguille vers Merdrignac au sud-est, puis vers Nantes. Dans le cadastre de Laurenan de 1810 on trouve les mentions "Ancien chemin de Nantes" (tableau d'assemblage) et "Chemin de la hutte à l'anguille à la Folie ou vieux chemin de Nantes" (section C2). Dans le cadastre de Gomené de 1811 on trouve encore la mention "Chemin de Nantes" (tableau d'assemblage section A). Cette voie mal connue devait traverser Illifaut et Mauron avant de se fondre dans la voie antique Corseul-Rieux.
Depuis la Hutte à l'Anguille, une autre voie antique est encore probable vers Saint-Vran et Saint-Méen-le-Grand puis vers Rennes [5, 2.17 pp. 36-37]. À l'époque romaine, la voie Rennes-Lamballe-Saint-Brieuc n'existait pas. De Rennes, on pouvait rejoindre Saint-Méen-le-Grand puis la Hutte à l'Anguille peut-être par Saint-Vran. De là on pouvait se diriger vers Saint-Brandan/Quintin à 16 km au sud-ouest de Saint-Brieuc. Au Moyen-Âge, deux branches ont été créées pour rejoindre directement Saint-Brieuc par Moncontour, et Lamballe par Saint-Glen et Maroué. À ce jour, rien ne prouve qu'elles existaient à l'époque romaine. En revanche, pendant tout le Moyen-Âge, la route de Rennes à Saint-Brieuc passait par la Hutte à l'Anguille et Moncontour.
Une autre voie antique, plus incertaine, est également possible vers Plémet. Le seul indice qu'on ait pour supposer son existence, c'est un chemin, encore praticable aujourd'hui, qui suit sur 6 km depuis la Hutte à l'Anguille, la limite de Collinée (anciennement Saint-Gilles-du-Mené) et de Laurenan. Le chemin suit en fait une limite entre deux paroisses primitives, Plessala et Mérillac. Au VIe siècle, les voies antiques ont souvent été utilisées pour fixer les limites des paroisses. Un autre indice, c'est la rupture de direction qu'on observe à la Hutte à l'Anguille pour la voie romaine Corseul-Vannes. La voie s'infléchit brusquement vers le sud, ce qui indique qu'il devait exister une voie plus ancienne qui continuait tout droit. C'est la voie que nous soupçonnons vers Plémet. Ensuite, on peut envisager une continuation vers Loudéac, Rohan ou La Chèze.
Pas à pas : Variante - De l'Abbaye de Boquen à Laurenan (fichier PDF, format A5)
Carte : Variante - De l'Abbaye de Boquen à Laurenan (image JPG)
Trace GPS : Variante - De l'Abbaye de Boquen à Laurenan (fichier GPX)
Visualiser un GPX sous IGNrando : cliquer ici pour plus d'informations
De Dol-de-Bretagne à Vannes
De Vannes à Quimper
De Quimper à Saint-Pol-de-Léon
De Saint-Pol-de-Léon à Tréguier
De Tréguier à Saint-Brieuc
De Saint-Brieuc à Saint-Malo
De Saint-Malo à Dol-de-Bretagne
https://tro.bzh
Ce site est géré par Y. Autret - 29200 Brest
© Y. Autret - Contact email: yvon.autret@tro.bzh