Dernière mise à jour novembre 2021.
Cet itinéraire relie Erdeven à Plouhinec en 20 km.
Balisage : GR34 blanc et rouge du km 0,7 à Plouhinec sauf du km 1,7 au km au km 4,3 pour passer par la chapelle des Sept Saints.
À voir en chemin : chapelle et fontaine des Sept Saints d'Erdeven, Rivière d'Étel, Villa gallo-romaine de Mané-Véchen, Fontaine Saint-Cornély.
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La chapelle est figurée dans le village des Sept-Saints sur le cadaste de 1811 avec une orientation est-ouest. Elle a été réédifiée en 1899 suivant une orientation nord-sud. Vers 1930, pour la mettre à l'abri des tempêtes, on la couvrit d'un berceau en béton. Le résultat fut désastreux. Les murs ont fléchi sous le poids. Il a fallu consolider l'édifice par des contreforts extérieurs et des colonnes intérieures en ciment. La voûte a quand même fini par se fissurer et la chapelle a été délaissée en 1978. En 1994, une association a entrepris de démolir les structures en béton et de remonter les murs. Les statues des septs saints ont retrouvé leur place dans la chapelle.
Après la bénédiction du 30 avril 1899, le pardon qui se tenait le dernier dimanche d'août ne cessa de prendre de l'importance. On y venait de loin, parfois de Port-Louis ou d'Hennebont. Vers 1910 on y comptait jusqu'à 6000 pèlerins. Il commençait le samedi et se terminait le dimanche après-midi par une procession avec les bannières et les statuettes des sept saints. Jusqu'en 1978, il n'a été interrompu qu'en 1944, la chapelle se trouvant dans la zone de combats autour de la base sous-marine de Lorient. Suite à la restauration, il est à nouveau célébré chaque année, même en 2020 malgré la crise sanitaire.
La fontaine des Sept-Saints est située à 900 au nord-est du village. Le toit a la forme d'une pyramide surmontée d'une croix. La croix porte la date 1884 qui indique peut-être une reconstruction.
J. Trévédy a recueilli la légende des sept frères qui se rapporte à la chapelle [1, p. 159]. Une femme eut 7 fils et elle voulut s'en débarrasser en les mettant sur une embarcation de fortune que la rivière devait emporter. Le projet est finalement arrêté par une voix venant du ciel. Les 7 fils furent mis en nourrice et devinrent évếques. Cette légende est très proche de celles de Landévennec, Daoulas et Brest.
L'itinéraire historique du Tro Breizh pouvait passer à proximité de la chapelle des Sept Saints d'Erdeven. Charles Mendès a publié la traduction de témoignages recueillis au cours du procès de canonisation de saint Yves qui s'est tenu entre juin et août 1330 pour l'audition des 300 témoins [2, p. 351] :
TEMOIN 226
Noble femme Théophanie de Pestivien, épouse de noble homme Alain de Keranmes, chevalier, de la paroisse du Bienheureux Michel en Grève, âgée de 60 ans ou environ...
"Le chevalier mon mari, et moi, voulions, il y a bien environ huit ans de cela, faire pèlerinage aux Sept Saints de Bretagne, et nous étions en direction d'un port de mer nommé Laber, au diocèse de Vannes. Nous fîmes embarquer le palefroi liard du chevalier à bord d'un bateau, car nous voulions faire traverser le port au palefroi avant nous. Le palefroi se trouvait donc sur le navire. Pour empêcher que les voiles hissées haut sur le navire ne le troublent, le chevalier lui fit couvrir la tête d'un surcot, ainsi par la suite il ne serait pas troublé. Le navire avec le palefroi était à mi-chemin de la traversée du port, quand notre palefroi, bondissant du bateau, sauta dans la mer et y précipita avec lui le serviteur du chevalier qui le tenait par les rênes. Voyant cela du rivage où nous nous trouvions, mon mari et moi nous écriâmes : "Saint Yves, à l'aide !". A peine l'avions-nous dit que le serviteur apparut hors de l'eau et saisit un aviron du bateau. Tout de suite alors d'autres l'attrapèrent du navire, et l'y déposèrent. Quant au palefroi qui avait la tête recouverte, il était agité par la houle. Ce que voyant, le chevalier dit : "Saint Yves, rends-moi mon palefroi, et je l'amènerai à votre tombeau". Aussitôt que le chevalier eut prononcé ce voeu, le palefroi tourna face à la houle sa tête toujours recouverte et s'en vint, tout droit, au rivage d'où il était parti, malgré le flot et le courant. Je ne me souviens ni du jour, ni de l'heure, ni du mois. Avec moi et mon mari assistaient à cela un assez grand nombre de gens dont j'ai oublié les noms ... "
TEMOIN 148
Noble homme seigneur Alain de Kaerritraes, chevalier, diocèse de Tréguier, âgé de 72 ans...
Moi-même et dame Théophanie, mon épouse, accompagnés de quelques gens de ma domesticité, voulûmes faire une traversée par le port de mer nommé Lomber, au diocèse de Vannes, et, à cause du danger que présentait la mer, j'ai envoyé devant sur un bateau mon palefroi avec un valet, et j'ai placé devant les yeux du palefroi un petit manteau pour l'empêcher d'être troublé par la houle. Nous nous trouvions en mer à bord du bateau à une grande distance de la terre, dans un passage très périlleux où les marins devaient tirer deux ou trois bordées avant d'aller plus loin. Or le palefroi prit peur et se précipita dans la mer, et le valet avec lui. Devant cet accident j'ai tout de suite invoqué dom Yves comme ceci : "Saint Yves, je te recommande mon valet et mon palefroi pour que tu me les conserves". L'invocation faite, le valet qui était tombé à la mer, apparut flottant à la surface des eaux. Les matelots lui tendirent un aviron ; il l'agrippa, et les matelots le hissèrent et le déposèrent à bord du bateau. Quant au palefroi, que la marée descendante emportait vers le large, il fit volte face contre les vagues, le vent et les courants contraires, malgré le petit manteau qu'il gardait sur les yeux et qui l'incommodait beaucoup en face des navires ; et il vint vers moi dans le port d'où il était parti. A la vue de ce miracle, ma femme et moi, et tous nos autres gens, avec notre palefroi nous sommes allés en pèlerinage au tombeau de saint Yves. Le palefroi lui-même est entré aussi vite qu'il a pu dans l'église de Tréguier où repose le corps de saint Yves, et tout le temps qu'il y est resté il n'a pas cessé de hennir comme pour remercier, alors que ce jour-là, quand on le menait, il ne hennissait pas et que par ailleurs il n'était pas dans ses habitudes de hennir. J'ai la ferme conviction, et c'est de notoriété publique, que si mon valet et mon palefroi ont échappé au danger de la noyade, ils le doivent à l'invocation de saint Yves. Assistaient à l'événement des familiers, les marins dont j'ai oublié les noms et mon épouse. Quant à la date je ne m'en souviens pas, pas plus que du nom du valet ni de son lieu d'origine ... "
Au cours de leur « Tro Breizh » effectué au début XIVe siècle, Alain de Kaerritraes et son épouse Théophanie de Pestivien ont franchi un bras de mer dans le diocèse de Vannes. Cela n'aurait pas été possible s'ils avaient suivi la voie romaine entre Vannes et Quimper. En 1636, Dubuisson indique qu'il y avait deux chemins pour aller de Quimper à Vannes, l'un par Sainte-Anne d'Auray et Hennebont, l'autre par Auray, la Rivière d'Étel et Port-Louis. [3, pp. 157-164]. Pour franchir la Rivière d'Étel, Dubuisson décrit trois passages :
« Le premier passage s'appelle Tréhervay, à la veue et tout proche de la grand mer et de la bouche ou entrée d'Itel... »
« Le second, un peu plus avant en terre d'une petite canonnade, s'appelle Passage Neuf, en breton francisé : Passage Neu, vray breton : Trenau, parce qu'il est fait depuis cinq ou six années seulement, et est plus estroit, comme de cent pas ou guères plus, et plus commode que l'autre. »
« Le troisième est un bon quart de lieue encor plus avant en terre, et s'appelle St Cado... En ceste maisme isle, joignant la chapelle, est le manoir du prieur et encor une ou deux maisonnettes, entre lesquelles est celle du passager qui passe, de ladite isle, hommes et chevaus de l'autre costé, où, passant le long du bourg de Pluhinec, à 2 clochers, laissé sur la gauche, et de celuy de Riantec, puis aprez, vous vous acheminez et arrivez au Port Louis. Ce passage est le plus fascheux, le plus large et aussi le moins fréquenté de tous. »
La Rivière d'Étel est maintenant franchie au Pont Lorois. La carte IGN indique l'Île de Saint-Cado à 1,7 km au nord-est, le Passage Neuf à 400 m au nord-ouest, le Vieux Passage à 900 m au sud-ouest, le village de Larmor à 1 au sud, Étel à 2 km au sud, la Barre d'Étel à 3,8 km au sud. La carte de l'état-major (1820-1866) indique Kerentrech à la place de Larmor alors que le nom Larmor figure sur la carte de Cassini du XVIIIe siècle. Kerentrech signifie peut-être le village (ker) du passage (trech, trez). Larmor se trouve sur la commune de Belz, en face du Vieux Passage situé à Plouhinec. Le nom Tréhervay cité par Dubuisson ne se retrouve pas sur les cartes. La carte de l'état-major indique aussi le Passage d'Intel en face d'Étel.
Le Vieux Passage actuel semble trop loin de la mer (3 km) pour correspondre à la description de Tréhervay faite par Dubuisson. Si le Vieux Passage actuel correspond au Passage Neuf de Dubuisson, il est trop loin de l'Île de Saint-Cado (2,5 km) pour correspondre à la description de Dubuisson. On peut penser que Tréhervay correspond à Étel et le Passage Neuf de Dubuisson au Passage Neuf actuel situé au nord du Pont Lorois. Dubuisson n'a peut-être pas eu connaissance d'un autre passage situé à 1 km au sud du Passage Neuf, le Vieux Passage. C'est là qu'on retrouve le lieu-dit Larmor peut-être mentionné dans le procès de canonisation de saint Yves comme un port de mer du diocèse de Vannes appelé Laber ou Lomber. Au début du XIVe siècle, si le témoignage d'Alain de Kaerritraes et de Théophanie de Pestivien peut aussi correspondre à un passage de la Rivière de Lorient, il est plus probable qu'il correspond à un passage de la Rivière d'Étel, sans doute au Vieux Passage, à 3 km de la chapelle des Sept Saints d'Erdeven. Ensuite, Alain de Kaerritraes et Théophanie de Pestivien ont pu continuer leur « Tro Breizh » par Port Louis, ou plus probablement par Hennebont.
Ce qu'on peut dire, c'est qu'une voie ancienne reliant Vannes à Quimper franchissait la Rivière d'Étel quelque part entre Étel et l'Île de Saint-Cado. La voie ancienne pouvait passer par Étel, le Vieux Passage ou l'Île de Saint-Cado. Ensuite, elle pouvait continuer vers Port-Louis ou bien rejoindre Hennebont. En effet, le passage de l'Île de Saint-Cado semble indiquer l'existence d'un raccourci pour rejoindre la voie d'Hennebont. Le Passage de l'Île de Saint-Cado est trop au nord si on veut rejoindre Port-Louis. En revanche, si on veut rejoindre Hennebont, c'est un raccourci qui facilite le franchissement des zones humides entre Plouhinec et la Rivière d'Étel. Après le franchissement de la Rivière d'Étel, la voie ancienne venant de Vannes devait se diviser. Une branche partait vers Port-Louis par Plouhinec et Riantec, une autre partait vers Hennebont, sans doute par Merlevenez et Kervignac. Située à 500 m du Vieux Passage, la villa gallo-romaine de Mané Véchen pourrait même indiquer qu'une voie Vannes-Étel-Port-Louis / Hennebont existait à l'époque romaine.
Trace GPS TRO BZH : De Erdeven à Plouhinec (fichier GPX)
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De Vannes à Quimper
De Quimper à Saint-Pol-de-Léon
De Redon à Nantes
De Saint-Pol-de-Léon à Tréguier
De Tréguier à Saint-Brieuc
De Saint-Brieuc à Saint-Malo
De Saint-Malo à Dol-de-Bretagne
De Dol-de-Bretagne à Vannes
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