Saint-Avé, chapelle Notre-Dame du Loc

Le joyau de Saint-Avé c'est la chapelle Notre-Dame du Loc. Les textes nous apprennent que les reliques de saint Patern étaient régulièrement exposées à Saint-Avé au cours du Moyen Age. La chapelle du Loc leur servait-elle d'écrin ? On l'ignore. On a vu que jusqu'au Moyen-Âge, le chemin de Josselin à Vannes pouvait passer Sérent (voir étape de Josselin à Plumelec). Partant de Josselin, sans faire un grand détour, on pouvait rejoindre à Serent l'ancienne voie romaine de Rennes à Vannes.

La chapelle a été bâtie de 1475 à 1494. Elle se trouverait au point de convergence de sept sources. C'est une merveille de l’art religieux breton. Dans le placître on trouve une fontaine et une croix panneau, typique du pays vannetais. Sur le socle on trouve notamment saint Jacques, saint Laurent et saint Jean-Baptiste. Sur le panneau quadrilobé, on trouve en plus de la Crucifixion et de la Vierge à l'Enfant, un joueur de biniou et peut-être un joueur de bombarde.

A l'intérieur de la chapelle, la croix de chancel est un ouvrage de 1500 finement ciselé. Un immense dais surmonte le Christ entouré de saint Jean et de la Vierge. Dans le choeur, la statue la plus ancienne est celle de Notre-Dame du Loc sur le mur nord. Elle date du XIVe-XVe siècle. Il s'agit d'une oeuvre majeure, peut-être importée des Flandres. Sa longue chevelure est dorée, de même que sa couronne. Le manteau est décoré d'hermines et des cavités sont creusées dans les manches pour accueillir des pierres précieuses. L'Enfant porte un bonnet. La Vierge lit avec l'Enfant, ce qui est inhabituel (presque toujours l'Enfant lit seul). Sainte Madeleine est représentée à la droite de la Vierge, sur le mur du Transept. Elle porte une robe de cérémonie, très longue, semblable à celle qu'on pouvait porter au XVIe siècle. A la gauche de la Vierge, c'est la statue du XVIIIe de saint Cornély. Pape de 251 à 253, saint Cornély a lutté contre les sacrifices d'animaux. Plus tard on lui a attribué le pouvoir de protéger les bêtes à cornes. Il est très représenté dans le Morbihan, notamment à Carnac où des troupeaux de bêtes prenaient part aux processions. A côté de saint Cornély, saint Isidore est représenté en laboureur. Il porte la tenue du XVIIIe siècle: culotte descendant jusqu’aux genoux (bragou braz en breton) et veste longue ouverte (chupenn en breton). Dans une main il tient une faucille et dans l'autre une gerbe de blé. Saint Cornély et saint Isidore occupent les places d'honneur du choeur depuis 1913. Ils témoignent de l'importance de l'élevage et de la culture dans la région. Dans le transept, le Père éternel est coiffé d'une tiare papale à 3 couronnes qui devrait en avoir 5. La statue est du XVIIIe siècle.

Les retables du XVe siècle en pierre qui se trouvent maintenant dans les transepts se trouvaient avant la restauration de 1913 dans le maitre autel du choeur. Celui de la crucifixion est long de presque 3m. De gauche à droite on trouve une crucifixion, le couronnement de la Vierge, saint Catherine avec sa roue, saint Madeleine avec sa fiole de parfum, et saint Marguerite avec son dragon. Le second retable, de la même facture, évoque l'Adoration des Mages et l'Annonciation. On peut lire "AVE MARIA" sur le phylactère de l'ange Gabriel. Au Moyen Age, c'est devant ce type de retable que le prêtre disait la messe. Le retable de Saint-Avé est l'un des rares à avoir survécu. Quelques uns ont été placés à l'extérieur des chapelles ou des églises, puis parfois transformés progressivement en grands calvaires. Le 3e retable est en albâtre. Il date du XVe siècle et provient d'Angleterre.