Dernière mise à jour octobre 2021.
Ce circuit de 3 km permet de découvrir le centre historique de Dinan. En partant du pont du port de Dinan, on remonte la rue du Petit Fort jusqu'à la porte de Jerzual. De là on longe les remparts pour arriver à l'église Saint-Sauveur. On continue par la Tour de l'Horloge et l'église Saint-Malo. De là on rejoint les remparts à l'ouest de Dinan et on les longe jusqu'au château des Ducs. On revient au port de Dinan en longeant la Rance.
Dinan, église Saint-Sauveur
La ville de Dinan s'est d'abord construite autour de l'église Saint-Malo,
érigée vers 1066 par Olivier de Dinan. Elle s'est ensuite étendue vers l'église Saint-Sauveur
qui domine aujourd'hui la ville. Selon la légende, l'église Saint-Sauveur aurait
été construite par Riwallon, un chevalier de la famille de Dinan, après un retour de croisade.
Le porche gauche raconterait l'histoire de Riwallon. Il serait parti à la croisade vers 1112
pour expier le meurtre de moines. Les sarrasins l'auraient fait prisonnier puis lui auraient
donné deux femmes en mariage (peut-être symbolisées par la sirène à deux queues dans le porche).
Finalement il réussit à s'enfuir et revient dans "le droit chemin".
Il fait construire à Dinan l'église Saint-Sauveur dédiée à la Sainte Trinité.
Une charte de 1131 indique qu'elle fut donnée à l'abbaye de Saint-Jacut par Alain de Dinan,
neveu de Riwallon.
Dinan, église Saint-Sauveur
Les chapiteaux du porche ouest pourraient représenter la
vie de Riwallon.
En 1480 on commença à élargir la nef. Ensuite on abattit la partie supérieure de
la façade pour la doter d'une large baie. Au 16ème siècle on construisit un nouveau choeur.
Les travaux s'achevèrent en 1779 avec la construction d'un clocher à triple étage.
Le mur sud de la nef a conservé son aspect roman. Sa structure est très rare. La partie basse
du mur sud est composée d'arcatures aveugles qui reposent sur des colonnettes ou des consoles.
La partie supérieure est aussi composée d'arcatures alternativement aveugles et ajourées.
Cette construction est peut-être l'oeuvre d'un architecte oriental.
Les plans ont pu être rapporté après une croisade. Dans la nef, on trouve un curieux chapiteau
montrant deux chameaux affrontés.
Église Saint-Sauveur, les chameaux affrontés
Église Saint-Sauveur, le coeur de du Guesclin
Après sa mort lors du siège de Châteauneuf-de-Randon,
le corps du connétable Du Guesclin a été transporté dans la nécropole royale de la basilique
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Suivant la volonté du défunt, son coeur a été rapporté à Dinan
et déposé dans un enfeu de l'église des dominicains de Dinan. Après la Révolution,
la relique a été apportée dans l'église Saint-Sauveur.
Église Saint-Sauveur, le cénotaphe du coeur de Bertrand du Guesclin
Pèlerinages des Bretons à Rome et à Jérusalem du VIe au XIIIe siècle
Influences orientales en Bretagne
R. Couffon
Extrait du bulletin de l'Association Bretonne
Tome 49 1938
La construction de l'église Saint-Sauveur de Dinan
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Il est un troisième monument sur lequel apparaissent
nettement, ainsi que nous l'allons voir, des influences
orientales, c'est Saint-Sauveur de Dinan, ou, plus exactement,
les parties romanes de l'édifice.
La construction de cette église, qui ne paraît pas être
antérieure au milieu du XIIe siècle, est généralement attribuée
à Rivallon de Dinan, à son retour de l'Orient; mais
aucun texte, malheureusement, ne vient confirmer cette
tradition. Le monument apparait d'une facture isolée au
milieu des édifices romans subsistant encore dans son voisinage
et qui, soit comme les petites églises de Tréfumel,
de Saint-André-des-Eaux, de Plurien ou de Morieux, reproduisent
le type carolingien du nord de la Loire, soit, comme
l'église plus importante d'Yvignac, présentent tous les
caractères de l'école romane normande (58).
De la construction primitive de Saint-Sauveur de Dinan
ne subsistent plus que la partie inférieure de la façade
occidentale et la longère sud de la nef, tout le reste ayant
été reconstruit à partir de la seconde moitié du XVe siècle.
Les archéologues, quit ont étudié ce monument, sont
presque unanimes à y reconnaître les dispositions de l'école
romane poitevine, tant dans les contreforts-colonnes de la
longère sud que dans la décoration de la façade; et, dans
son beau livre « L'Art Breton », M. Waquet a très justement
signalé la ressemblance frappante de cette dernière
avec la façade de Civray.
Convient-il donc d'attribuer Saint-Sauveur de Dinan à
un architecte poitevin, ou cette église ne dériverait-elle
pas d'un prototype commun et n'aurait-elle pas été plutôt
(57) Si l'on execpte Aldolphe de Dion, qui, au Congrès Scientifique
de France, tenu à Saint-Brieuc en 1872, avait déjà démontré que le
"temple de Lanleff" était une église ronde du XIe siècle, et, étant
donné cette dernière date, ne pouvait donc être un baptistère. La
monographie de Lanleff, due à M. A. Rhein, a été publiée dans le
Congrès Archéologique de France, LXXXIe session (1914), pp. 542
et suivantes.
(58) R. Couffon : Note sur l'église Yvignac dans : Mémoires de
la Société d'Emulation des C.-du-N.; t. LXVI (1914) : On retrouve
des chapitcaux semblables à ceux d'Yvignac dans la chapelle de
Durham Castle et des sculptures analogues sur le tympan de Dinton.
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construite par un architecte venu d'Orient comme l'a suggéré
le premier Ruprich Robert (59), c'est ce que nous nous
proposons d'examiner. Si, en effet, la ressemblance de la
façade avec les monuments poitevins est évidente, l'influence
purement byzantine qui présida à la construction
du monument est non moins indéniable.
Lorsque l'on examine la façade de Civray, l'on est frappé
dès le premier regard par les arcatures profondes qui s'y
superposent en deux étages et dont seul l'inférieur subsiste
à Dinan. C'est là, ainsi, que l'on sait, l'une des caractéristiques
des monuments byzantins, transmise à Constantinople
par l'Anatolie et remontant à l'art mésopotamien (60).
Les deux arcades aveugles, de chaque côté de la porte,
encadrent elles-mêmes deux arcades géminées supportées:
à Saint-Sauveur par un meneau central et deux colonnes
torses latérales. C'est là, également, une disposition nettement
byzantine, utilisée, à Dinan comme à Civray, dans
un but purement décoratif, mais qui doit son origine à la
nécessité d'étayer par un diaphragme les arcades très largement
ouvertes éclairant notamment les transepts des
grands édifices byzantins (61).
Meneaux et colonnes, ainsi que les statues décorant les
arcades géminées reposent à Saint-Sauveur sur des lions.
C'est là un détail assez répandu, que l'on rencontre non
(59) Rapport manuscrit de Ruprich Robert, daté de décembre 1855
et conservé aux Archives du Service des Monuments historiques.
(60) V. Ramsay-Bell : The Thousand and one Churches Londres,
1909. M. Millet a montré comment ce type s'était lui-même propagé de Constantinople en Grèce. Mais, dans ce dernier pays, si la saillie
des arcatures a disparu, l'ordonnance décorative de la façade demeurant
cependant la même ainsi qu'on peut le voir à Saint-Luc (G. Millet:
L'école grecque dans l'architecture byzantine, Paris, 1916, voir entre
autres: fig. 81 : Catholicon de de Saint-Luc) .
(61) Dans toutes les petites églises byzantines si nomhreuses en
Grèce, cette disposition, qui n'était plus nécessaire au point de vue
constructif, fut également conservée comme décoration.
Cette disposition seule ne suffirait évidemment pas à démontrer
que Saint-Sauveur de Dinan est un édifice byzantin. Rappelons en
effet qu'on la trouve également reproduite sur quelques canons
d'évangiles et qu'elle aurait pu être transmise par eux, Voir, par
exemple, la Bible de Théodulfe du début du IXe siècle (B . N. f. lat.
9380). Il est a remarquer, là encore, que des miniatures représentent
souvent des colonnes reposant sur des lions. L'une de la Bible de
Saint-Martial de Limoges montre même des chapiteaux surmontés
de lions qui supportent l'arc, tandis que les colonnes reposent sur
de petits personnages (B. N. f. lat. 8 fol. 41 r°).
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seulement en divers points de la France, mais plus particulièrement
en Italie, en Lombardie et dans les Pouilles,
détail lui aussi nettement oriental dont les traces de propagation
sont visibles également en Dalmatie et dont les
premiers exemples ont été retrouvés dans les fouilles des
palais hittites (fig. 5) (62).
Si maintenant, de l'examen de la façade occidentale,
nous passons à celui de la longère sud (fig. 6), l'on voit
qu'extérieurement celle-ci est divisée en sa longueur en
six travées inégales par des contreforts-colonnes remplacés
dans la troisième par des pilastres. En élévation, chacune
d'elles est séparée en deux, à peu près à mi-hauteur, par
un bandeau. La partie basse est décorée d'une double arcade
et la partie haute de trois niches, dont celle du milieu
percée d'une fenêtre.
Intérieurement, la disposition est un peu différente. Les
contreforts-colonnes sont supprimés et les niches remplacées
par une arcature alternativement aveugle et ajourée.
Les archivoltes des arcades ajourées comprennent deux
rouleaux moulurés, à l'inverse de celles des arcades aveugles
qui n'en comportent qu'un.
C'est là un procédé, en même temps que décoratif,
extrêmement ingénieux pour alléger la maçonnerie tout en
lui donnant une grande stabilité transversale.
L'on ne recontre pas, croyons-nous, en Poitou de semblable
construction. La double arcature a été très employée
dans l'art préroman, ou, suivant M. Puig y Cadafalch, dans
le premier art roman; mais il suffit de jeter un coup d'oeil
sur la carte des monuments de ce type dressé par ce savant
pour voir combien Dinan était éloigné des voies naturelles
de propagation de cet art (63).
C'est bien loin, là encore dans les églises de Constantinople,
qu'il faut aller chercher des murs allégés dans la
partie basse par des arcatures et dans la partie haute par
des niches, mais cette disposition y est courante. On la
retrouve en effet sur les chapelles absidales de l'église du
Christ Pantocrator (Kariye-Djami); à l'église de la Vierge
Panachrantos (Fenari-Issa-Djami); à l'église Sainte-Théo-
(62) Mérimée a signalé la rareté des dais au-dessus des statues
à l'époque romane.
(63) J. Puig i Cadalfalch : La géographie et les origines du premier art roman, Paris, 1935.
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dosie (Gul-Djami), à Kilissè-Djami, enfin plus tardivement,
au XIIIe, à la chapelle funéraire de la Vierge Pammacaristos
(Fethiye-Djami) (64).
Tout en grand appareil, la longère de Saint-Sauveur présente
cependant une grande inhabileté dans le tracé des
niches; aussi, à priori, avions-nous pensé que le maître de
l'oeuvre n'était pas familiarisé avec cette décoration étrangère
et l'avait sans doute exécutée d'après des croquis.
L'examen attentif sur place de divers monuments, entre
autres de la Kariye-Djami à Istambul et des Saints Apôtres
à Salonique, nous a révêlé exactement la même maladresse
dans le tracé des niches (fig. 7). Aussi, si aucun document
ne permet d'affimer que Saint-Sauveur de Dinan fut construit
par un archifecte oriental, ainsi que le pensait Ruprich
Robert, rien ne vient semble-t-il s'opposer, bien au contraire,
à cette hypothèse des plus vraisemblables.
Cette disposition des niches et arcatures provient elle-même,
comme l'on sait, de monuments beaucoup plus anciens: églises de la Syrie centrale et palais persans. On la
retrouve notamment, dès le troisième siècle, appliquée à la
facade du palais du roi Sapor à Ctésiphon (fig. 8).
Si, dès longtemps, des colonies de marchands juifs et
syriens ont été en Occident les propagateurs de l'art oriental,
et si au VIIe siècle l'exode des moines égyptiens et arméniens
contribua à faire connaître jusqu'en Bretagne et en
Irlande les rites et l'iconographie de l'Orient, par les routes
de pèlerinage s'établirent également des relations constantes
entre l'Orient et la Bretagne. Celle-ci en reçut quelques apports, notamment de la Syrie et de Constantinople
dont l'art avait fait tant d'emprunts aux sources asiatiques
anciennes.
Des influences souvent très lointaines, ainsi que nous
l'avons rappelé, et issues pour quelques-unes des confins
les plus éloignés de l'Asie, parvinrent ainsi jusqu'à l'extrémité
de l'ancien continent.
R. COUFFON
(64) Ebersolt et Thiers : Les églises de Constantinople, Paris, 1913.
Dinan, église Saint-Malo
L'actuelle église Saint-Malo de Dinan a été érigée à partir de 1489.
Le clocher n'a jamais été construit. La nef contient une belle série de vitraux en
lien avec l'histoire de la ville. L'un des vitraux rappelle que la reine Anne
avait effectué le tour de la Bretagne en 1505. Partie de Nantes, elle avait visité
successivement Vannes, Quimper, Brest, St-Pol-de-Léon, Tréguier, Guingamp, Saint-Brieuc et Lamballe.
On la voit ici arriver à Dinan par la porte de Brest.
Dinan, église Saint-Malo, vitrail d'Anne de Bretagne