Circuit de 13km sur Huelgoat et Locmaria-Berrien.
+ Huelgoat, la Roche tremblante
C'est un rocher de 137 tonnes. Vers 1900 on pouvait le faire bouger d'un doigt. Aujourd'hui, il bouge beaucoup moins facilement. Au Quaternaire (depuis 2,6 millions d'années), lors des glaciations, des coulées ont entraîné une grande partie de l'arène granitique. Des gros blocs de granit sont restés sur place pour former des chaos. Ils ont pu être sauvés des tailleurs de pierre à la fin du XIXe siècle grâce au Touring club de France créé en 1890, et à la Société pour la protection des paysages de France, créée en 1901. Acheté par la commune en 1903, le site de la Roche tremblante fut ainsi le premier à échapper à la destruction.
+ Huelgoat, le Camp d'Artus
Le Camp d'Artus s'étend sur 30 ha ce qui en fait une fortification importante de l'Age du fer. Il est entouré d'un rempart de type « murus gallicus ». L'ossature du rempart est constituée de poutres de bois qui se croisent perpendiculairement en étant maintenues par des gros clous de fer. Une masse de terre, protégée à l''extérieur par un parement de pierre, recouvre l'ensemble. Au Moyen Age, une motte féodale a été construite sur le rempart.
+ Huelgoat, la mine de plomb-argentifère
Des gisements de plomb argentifère s'étendent entre Huelgoat et Callac. Ils correspondent à des filons de quartz minéralisés qui suivent une direction générale Nord/Sud. Les gisements ont peut-être été exploités dès l'antiquité. Cependant aucun indice d'exploitation antique n'a encore été mis en évidence. La première mention d'exploitation date de 1422. Le duc de Bretagne Jean V autorise CLAUX LATREBA venu d'Allemagne à mettre en valeur les mines. Les mines semblent avoir été prospères à la fin du XVe siècle avant de décliner au XVIe siècle. L'étang du Huelgoat date de cette époque. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs tentatives d'ouvertures de mines échouent. En 1732, au moment de la création de la Compagnie des Mines de Basse Bretagne, on ne savait plus où se trouvaient les anciennes mines. Elles furent retrouvées en 1749 par Koenig, le directeur de la Mine de Poullaouen. Il trouva sur les bords du ruisseau de Locmaria là où se trouve la mine actuelle, des scories et des déchets de laveries. Il remonta le ruisseau et trouva l'ouverture d'une ancienne galerie.
En 1732, la Compagnie des Mines de Basse Bretagne est parvenue à réunir les capitaux nécessaires à l'ouverture des mines. La concession s'étendait sur 13 paroisses. Elle fut renouvelée en 1754 puis en 1791 sur un périmètre plus réduit. La compagnie avait le privilège d'avoir des armoiries. Sa devise était « REDEUNT SATURNIA REGNA », que revienne le règne de Saturne.
C'est une citation de l'auteur latin Virgile. Au Moyen Age, le poème était interprété comme une prophétie de la venue du Christ. Vers la fin de sa vie, Valéry publia une traduction poétique des Bucoliques de Virgile. En mettant en correspondance deux langues et deux poètes, il nous donne la clé de la devise :
Ultima Cumaei venit jam carminis aetas ; | Voici finir le temps marqué par la Sibylle. | |
Magnus ab integro saeclorum nascitur ordo. | Un âge tout nouveau, un grand âge va naître ; | |
Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna ; | La Vierge nous revient, et les lois de Saturne, | |
Jam nova progenies caelo demittitur alto. | Et le ciel nous envoie une race nouvelle. |
La devise peut ainsi se traduire par « que vienne l'âge d'or ». D'après la légende, Saturne avait réinventé l'âge d'or où personne ne possédait rien en propre, et toutes choses étaient communes. En mémoire de cet âge heureux, on célébrait à Rome les Saturnales. Au Moyen Age, les alchimistes considéraient qu'il y avait sept métaux purs et les associaient aux sept planètes connues à l'époque. Le plomb était associé à Saturne et supposé convertible en or. On parlait de plomb-Saturne. La devise de la compagnie peut alors se traduire par « que viennent le règne du plomb », le plomb étant supposé devenir de l'or. C'est effectivement ce qui s'est produit, notamment à partir de 1760 quand les bénéfices étaient très élevés.
En plus d'avoir eu le droit de choisir une devise qui était un jeu de mots sur le plomb associé à l'or, la compagnie avait un important privilège d'ordre juridique, les seigneurs possesseurs de fiefs ne pouvaient pas demander de redevances ni de dommages pour l'utilisation des terres.
Parmi les propriétaires de la compagnie, les Parisiens majoritaires s'opposaient aux Bretons. La bourgeoisie bretonne a rapidement abandonné la compagnie à cause des capitaux importants qui étaient exigés. A Poullaouen en 1742, la mine rapportait 40 000 livres alors qu'elle en coûtait le double. L'affaire est devenue rentable en 1747. De 1760 à 1790, les bénéfices s'élevaient à 4 millions de livres, une livre pouvant être estimée à 5 ou 10 euros.
La mine de Huelgoat a été mise en valeur après celle de Poullaouen. Après sa redécouverte en 1749, la galerie principale est opérationnelle en 1752. Ouverte au niveau d'un vallon, elle s'avance de 1200 toises (2,4 km) dans la colline. Elle avait l'inconvénient d'être creusée dans le roc, sujette aux éboulements et aux infiltrations, difficile à aérer, et corrosive pour le matériel en raison des eaux sulfureuses. Elle avait aussi des avantages parce que le filon était plus régulier qu'à Poullaouen. De plus, la forte dénivellation entre la colline de Poullaba et la vallée du ruisseau de Locmaria permettait une exploitation simple. Pendant plusieurs années, l'exploitation n'a pas nécessité d'équipements particuliers. On a ouvert au dessus et au dessous de la galerie d'écoulement, une galerie supérieure, et une galerie inférieure. Des pompes à bras suffisaient pour l'extraction des eaux (exhaure). L'évacuation des eaux et du minerai pouvait se faire par la galerie d'écoulement appelée aussi galerie des chaioteurs. Cette galerie est encore visible. Elle doit être antérieure à 1749.
En 1761, la mine s'étend et il faut installer une machine hydraulique à la place des pompes manuelles. Le ruisseau de Locmaria étant trop petit, il faut aussi construire un canal pour faire fonctionner la machine. Long de 1500 toises (3 km), un canal est achevé en novembre 1762. Il capte les eaux un peu en amont du gouffre et permet une chute de 75 pieds (25m). La machine hydraulique a été installée à l'entrée de la galerie supérieure, les eaux étant refoulées dans la galerie d'écoulement.
La situation est restée satisfaisante jusqu'en 1768. A cette date, les échelons inférieurs se trouvaient à 200 pieds au dessous de la galerie d'écoulement et la machine hydraulique ne suffisait plus. A la fin de 1768, après un automne pluvieux, les fonds étaient envahis. La compagnie décida d'installer une deuxième machine hydraulique. Il fallait pour cela construire un nouveau canal pour l'alimenter (le canal supérieur), et creuser un nouveau puits pour y placer les pompes. Les travaux ont duré de 1769 à 1774. Dès 1769, des mineurs commencent à creuser le canal à la sortie du lac. En 1771, l 'étang et le moulin de Huelgoat sont rachetés. Long de 3300 toises (6,6 km), son débit variait de 12 à 19 m3 par minute. Il débouchait à 80 pieds (25m) au dessus du canal inférieur. Les eaux du canal faisaient mouvoir les roues de la nouvelle machine (machine supérieure) et de la vieille machine. Les deux routes avaient 33 pieds (10m) de diamètre. Le canal inférieur fut déclassé.
Sur la colline de Poullaba, une puissante machine à molette est installée pour hisser du fond de la mine le minerai jusqu'à la galerie des charioteurs. Le nouveau puits devient essentiel pour l'exploitation. Il prend le nom de « puits neuf » ou « puits supérieur ». Quelques maisons s'établissent autour et le hameau qui existe toujours est appelé « La Molette ».
De 1774 à 1833, les aménagement sont restés limités. Une nouvelle galerie d'écoulement a été ouverte en 1773, 60 pieds (20m) au dessous de l'ancienne. Elle débouchait dans la vallée de la Rivière d'Argent. Une troisième machine hydraulique a été installée en 1786.
La production de la mine de Huelgoat était régulière. L'entretien était relativement peu onéreux. A la différence de celle de Poullaouen, elle n'a pas traversé de crise grave. Elle assurait une grande partie des bénéfices de la compagnie. Cependant, une baisse de la production amena la compagnie à effectuer de nouvelles prospections qui aboutirent à la découverte du filon de La Haye en 1796.
Les bâtiments étaient installés sur deux niveaux. A flanc de coteau autour des machines hydrauliques on avait les ateliers directement liés à la mine, forge, charpenterie, magasin, chantier de préparation des bois, une écurie, et les maisons du sous inspecteur et de certains mineurs. Au fond de la vallée, on avait deux maisons pour les ouvriers, une écurie, une charpenterie, les ateliers de préparation du minerai, casserie, laverie, broyage.
En 1795 il y avait 391 ouvriers à Huelgoat. Au début des années 1830, le problème des infiltrations d'eau réapparaît. Une machine à colonne d'eau est installée. Jusque là, le mouvement des roues hydrauliques était transmis à 59 pompes en bois. La puissance initiale de 300 chevaux était transmise sur 3,5 km et réduite de plus de moitié. L'ingénieur Juncker a remplacé ces appareils par deux machines à colonne d'eau qui permettaient de rejeter toutes les infiltrations, soit plus de 2500m3 d'eau chaque jour.
Les travaux de Juncker ont permis de maintenir l'activité jusqu'en 1866. Cependant, à cette date, la mine était à peine rentable. Depuis 1816, la concession était détenue par François Charles Blacque, Charles Jean Certain et Hypolite Drouillard. Blacque a été tué par un sanglier en 1821. Une stèle dans la forêt de Kervallon en Locmaria-Berrien marque le lieu de l'accident. Il fut également maire de Poullaouen et député du Finistère. En 1866, tous les associés étant morts, madame Drouillard décida de liquider la compagnie. Les ingénieurs et les mineurs furent congédiés, les terrains dépendant de la concession furent vendus. Ainsi se termine l'histoire des Mines de Huelgoat.
Références
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De la Pointe Saint-Mathieu à Carhaix
Du Faou à la Pointe Saint-Mathieu
De la Pointe Saint-Mathieu à Saint-Pol-de-Léon
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